MALEK GNAOUI

Né en 1983, Malek Gnaoui, artiste précoce, après des études à l’Ecole d’art et de décoration (EAD) de Tunis, s’est spécialisé dans la céramique au centre de Sidi Kacem Jélizi sous l’encouragement de son professeur Mohamed Hachicha et du céramiste feu Faouzi Chtioui.

Originaire de Gabès, sa production est fortement marquée par la vie spirituelle et les traditions de sa région. Ce sont notamment les marabouts et les contes de l’enfance qui ressurgissent dans son œuvre, par l’usage de formes inédites.

Il s’inspire de l’architecture de son pays, mais aussi du Mali, des éléments décoratifs africains – pour les formes coniques incrustées de part et d’autre – et des carreaux de céramique de l’époque Hafside (XIII^ème – XVI^ème siècle).

La pratique de la céramique nécessite un savoir-faire précis, car chaque cuisson peut provoquer des altérations anticipées par l’artiste afin de produire les effets voulus pour chaque œuvre : craquelure, modification des couleurs, transparence de la matière.

La terre, souvent de l’argile de Tabarka – ville du nord-ouest de la Tunisie –, est travaillée avec divers adjuvants créant une véritable alchimie de couleurs chaudes et contrastées. De l’ocre au noir sombre, parsemées de touches enflammées rouges orangées et d’accents de verts bleutés, l’artiste n’hésite pas à faire dialoguer les couleurs entre elles dans ses céramiques.

L’usage du Raku amplifie la gamme colorée de l’artiste, grâce à l’oxydation des couleurs propre à cette technique. Le Raku est, à l’origine, une technique d’émaillage coréenne qui s’est largement développée au Japon. Les pièces, brusquement sorties du four, peuvent être enfumées, trempées dans l’eau ou dans des copeaux, brûlées ou laissées à l’air libre, afin de subir un choc thermique important qui modifie les couleurs, créant ainsi des zones de transparences et des reflets, voire des craquelures.

Les œuvres de Malek Gnaoui se caractérisent également par une profusion de signes librement interprétés à partir de l’héritage berbère, de la civilisation ottomane – en particulier pour le motif de la lune et de l’étoile – , de certains manuscrits, voire des hourzes, amulettes qui renferment un verset du Coran pour protéger des maladies. Les surfaces de ses œuvres sont parsemées d’écriture arabe ; une écriture tout à fait spontanée qui s’apparente au développement libre d’une pensée ou d’une phrase.

Résident actuellement à la Cité Internationale des Arts à Paris, Malek Gnaoui a participé à de nombreuses expositions en Tunisie.

Galerie Arcima

161, rue Saint Jacques

75005 Paris

Véronique Perriol, le 20 septembre 2010